Nouveau calcul DPE : ce qui change pour votre logement en 2026
Une nouvelle méthode de calcul du DPE annoncée en 2026
Le 9 juillet dernier, le Premier ministre, François Bayrou a annoncé une “évolution importante” de la méthode de calcul du DPE des logements. Une consultation publique doit être organisée dans les prochains jours, avant la publication d’un arrêté en septembre pour une entrée en vigueur au 1ᵉʳ janvier 2026.
Pour rappel, le DPE est un outil de mesure de la performance énergétique d’un logement, obligatoire pour tout bien mis en vente ou en location en France métropolitaine. Le calcul tient compte de :
- la superficie ;
- l’isolation ;
- l’énergie utilisée pour le chauffage et l’eau chaude sanitaire (ECS).
Pour l’électricité, l’énergie finale consommée par le logement doit être multipliée par un coefficient de conversion reflétant les pertes de rendement liées à sa production. Bien que toutes les énergies aient un coefficient, c’est celui de l’électricité qui est révisé.
Au 1ᵉʳ janvier 2026, il passera de 2,3 à 1,9, tandis que le coefficient du gaz naturel restera fixé à 1. Avec cette évolution, Matignon entend :
Mieux refléter la réalité du mix énergétique français, largement décarboné grâce au nucléaire, et de corriger une inégalité de traitement pénalisant jusqu’ici les logements chauffés à l’électricité.
Cela constitue un signal positif pour la sortie des énergies fossiles et l’indépendance énergétique nationale.
-850 000 passoires énergétiques en France
L’impact de cette réforme serait immédiat : 850 000 logements pourraient sortir du statut de “passoire énergétique” (classés F ou G, sur une échelle de A à G), soit 16 % des 5,8 millions actuellement recensés, selon le Gouvernement.
Pour rappel :
Les logements considérés comme passoires énergétiques (classés F ou G) sont jugés indécents. La réglementation les rend donc progressivement impropres à la location : les biens classés G ne peuvent plus être vendus ni loués depuis le 1ᵉʳ janvier 2025, et ceux classés F le seront à compter de 2028.
Cependant, nos analyses sur les DPE concernés par la réforme (les logements principalement chauffés à l’électricité), montrent que :
- 68 % des propriétaires de logements F devraient passer E et pourront maintenir leur bien en location ;
- 40 % des propriétaires de logements G remonteront en F et pourront remettre leurs biens sur le marché dès le 1ᵉʳ janvier 2026, tandis que 60 % demeureront en G ;
- 55 % des DPE éligibles à cette réforme garderont la même étiquette ;
- 43 % gagneront 1 classe, et moins de 2 % gagneront plus d’une classe.
Une volonté d'accélérer l’électrification des logements
Encourager l’installation de systèmes de chauffage plus vertueux...
L’évolution du calcul du DPE devrait inciter les particuliers à remplacer leur chauffage au gaz ou au fioul par des solutions électriques plus performantes, comme les pompes à chaleur (PAC). D’après les données DPE de l’Ademe, encore 16,2 % des passoires énergétiques sont chauffées au fioul contre 2,5 % pour les logements mieux classés.
Cette réforme pourrait ainsi relancer le marché des pompes à chaleur, dont les installations ont chuté de près de 40 % ces deux dernières années, alors que les ventes de chaudières gaz sont reparties à la hausse. Pourtant, remplacer une ancienne chaudière ou des radiateurs par une pompe à chaleur peut réduire la facture jusqu’à 50 % tout en améliorant le confort !
... sans oublier l'isolation du logement !
Même si la révision du calcul du DPE parvient à inverser la tendance, elle ne doit pas masquer les problèmes de fond : sans travaux d’isolation sur l’enveloppe du bâtiment et sans remplacement des équipements obsolètes, les logements resteront énergivores malgré une meilleure étiquette.
Concrètement, des murs mal isolés laissent s’échapper la chaleur produite à l’intérieur du logement et peuvent créer des sensations de courants d’air. Pour maintenir une température intérieure correcte, le système de chauffage doit fonctionner en continu et de manière intensive, ce qui génère une consommation énergétique et des factures très élevées.
Les locataires, grands perdants de cette réforme
Derrière les 850 000 logements qui quitteront mécaniquement le statut de passoire énergétique, beaucoup restent mal isolés et équipés de radiateurs “grille-pain” à très faible rendement. Or, avec cette réforme, les propriétaires des 850 000 logements ne seront plus contraints par la réglementation d’engager des travaux d’isolation ou de modernisation des systèmes de chauffage.
De fait, le gain de classe restera surtout théorique, voire artificiel, puisque la consommation comme la facture d’énergie resteront élevées. Souvent en situation de précarité, les locataires seront tenus de supporter ces charges supplémentaires, qui représentent une part importante de leur budget, les poussant parfois à réduire d’autres dépenses essentielles ou de vivre dans un logement sous-chauffé pour limiter les coûts.
Des inquiétudes voient le jour
Même si cette réforme valorise l’installation de systèmes de chauffage plus vertueux, plusieurs organisations, dont L’UFC-Que choisir ou Agir pour le climat, estiment qu’elle ralentira la rénovation du parc et la réduction de la précarité énergétique. Elles ont publié une lettre ouverte pour tenter d’empêcher sa mise en place.